jeudi 4 juin 2015

Pluie, douleur et bonheur.

Non je ne joue pas à Pyramide. Patrice Lafond, calme toi. Je résume ces trois jours de folie dans le Parque del Cocuy. Vous voulez que j'vous racontes ? Ok.

Dimanche matin, levée 4h45. Faudrait voir à pas louper le lechero ce matin. Parce que la village il est sympa, mais je veux pas rester ici moi. J'me prépare en deux-deux, sac a dos bouclé. 5h30, j'suis sur la place du village. Le lechero devrait passer à 6h, pénard. Comme d'hab' on vient me parler. Oui je vais dans la montagne. Ah votre copain y va aussi. Il me fait le meme prix que le lechero mais en voiture perso? Ha bah d'accord. Je prends un petit jus d'orange et un tinto avec un vieux monsieur sur le bord de la route. Et c'est parti.

On monte dans la montagne à bord de son 4x4 rouge. José, c'est un pilote. Et sa caisse, elle assure. Elle est de 1998, et la route le chemin de terre ça lui fait pas peur. On discute tous les deux. La vue est sublime, c'est vert, c'est immense.

Au bout d'une heure, il me dépose. Parait qu'en 20 minutes, je serai au poste de contrôle du Parque. Cool. Merci José. Peut être a bientôt.

Je grimpe. Je suis pas encore dans le parc que j'en chie déjà. Mon pote l'essoufflement est venu avec moi. Il me lâchera pas des trois jours. Accompagné par mademoiselle Tachycardie. Chouette. On va se fendre la poire tous les trois je le sens. Et je fais ma première constatation, ici, ils ont pas la notion du temps. Ce sera la première, mais loin d'être la dernière fois que je m'en rends compte. Haha.

J'arrive, non sans mal, au poste de contrôle. J'ai l'impression de réveiller le mec. Il me souhaite bonne chance. "Con gusto Michel." Nan, moi c'est Rachel, mais fait comme tu veux.
Haa cool, ici c'est plat. Je longe des plaines de fous. Il y a des vaches, des chevaux, des fleurs magnifiques. C'est plutôt tranquille. Et il fait beau.










 J'arrive à Sisuma, au bout de deux heures de marche je crois. Ce matin, j'ai mangé une banane et un yaourt. La faim m'emmerde pas trop pour l'instant. Je file à las lagunillas. Le temps change, il se met à pleuvoir. Et le vent souffle fort. M'en fous j'ai mon kway. De temps en temps, ça me déséquilibre. Je  m'éloigne un peu du bord, ce serait con de tomber. La première lagune est magnifique. Immense. LA végétation autour est canon. Et l'eau du glacier s'y jette en une cascade. Waouw. Le reste des lagunes est moins spectaculaire, et le temps ne m'aide pas à apprécier. Je pense à pleins de trucs. Ma vie, ma famille. Arrivée à l'avant dernière lagune, je finis par faire  demi tour. Et deux heures de plus dans la tronche. Je veux aller dormir au pied du Pulpito del Diablo. En plus, j'ai croisé un couple qui m'a di que des américains étaient avec u guide là haut et que ce serait bien que je les rejoigne.

Je pars en direction du pulpito. Trek 2600m. Ok c'est pas long. Je regarde le chemin : un mur de pierre. Ca va être fun. Je grimpe, avec mes 15kg sur le dos. Plus de 5heures que je marche, ils commencent à se faire sentir. La c'est plus du trek. C'est de l'escalade mon pote. J'escalade la roche. Sauf que là, j'suis pas assurée. J'me dis qu'à tout moment, une des pierres peut tomber. Ce serait cadeau. C'est dur. J'suis plus qu'essoufflée. Je suis toute seule, personne à la ronde. LA fouine avait raison "C'est au sommet de la montagne, refré qu'on se sent le plus seul." Attention première référence de malade. Haha.Je finirai par arriver là haut, à bout de force. La pluie ce sera arrêtée le temps que je monte. Je vois la zone de camping, et je vois des gens. José. Oui encore. Et le couple d'américain. Lilian et Nicole. Je monte ma tente avant qu'il fasse nuit. Oui je serai arrivée en haut vers 17h30. 10heures de marche et d'escalade. La première journée. Mon dos n'en peut plus. J'me dis que j'ai fais le plus dur. Haha, qu'elle est drôle.


Le soleil se couche sur la montagne, c'est sublime. On se fait à manger. Ca prend des heures parce que l'eau est froide. Elle vient du glacier. CQFD. Je ne pourrai pas aller voir el pulpito et el pan de azucar de plus près. Pas grave. Je ne ferai pas de vieux os. Couchée 18h. Une fois dans la tente la pluie reprendra de plus belle.

4h30, je me réveille. On dirait que ma tente va s'effondrer. C'est quoi le délire. Je sors dans la nuit. Ma tente est recouverte de neige. 10cm environ. En fait il a pas plu toute la nuit, il a neigé. Haha. Perfecto. Je déneige ma tente à mains nus. Mes gants se sont trempés dans la journée. Merci le mérinos. Ils ne sécheront pas du trek. Haha. J'ai les mains gelées. Je me rendors.

Le lendemain on devait décaler vers 7h. Le temps n'est pas avec nous : vent fort et pluie. On finira par plier les tentes vers 11h. sous la pluie tambien. On part. On fait un détour parce que le chemin le plus court est dangereux a cause de la pluie. On reprend un "chemin" de pierre. On escalade. LA pierre est glissante et mes chaussures n'accrochent pas. C'est sur. On monte, on descend. Il y a des cascades qui nous tombent dessus. On s'en fout on est déjà trempés. José marche à un rythme de fou. Les américains suivent plutôt bien. Moi, c'est mon premier trek, on est a 5000m d'altitude, mon coeur bat à 120 depuis hier, et j'ai 15 kgs sur le dos. J'avoue j'ai du mal.

 On quitte les pierres mouillées, pour des chemins de cailloux plutôt secs. On grimpe, puis on descend. Et ça toute la journée. Les paysages sont incroyables. Mon dos me fait toujours souffrir. A chaque montée je suis essoufflée comme pas permis. A un moment, je craque. Il est midi, j'ai mangé une banane et un yaourt a 7h du mat. Je suis pas bien. Mes jambes flanchent. J'ai la tete qui tourne. Je pleure. Enfin j'essaie. Les larmes viennent pas, je dois être déshydratée. Ca me redonne un coup de fouet pour continuer. Elle avait raison Amel Bent "Pleurer ça fait du bien". C'était la deuxième. De la force pour grimper, ouais, mais pas pour longtemps. Faut qu'on s'arrête. Par contre j'ai rien à manger. José me filera de la panela et un morceau de brioche. Putain merci mec. On repart. On traverse des petites rivières. On aperçoit d"immenses lagunes. Avec en fond les glaciers. Pouwa. Plusieurs fois sur le chemin, je croirais qu'on est arrivé. Que nenni. ce trek ça aura été le Festival International de l'Ascenseur Emotionnel. Haha.

On finira par arriver au campement vers les 15h je crois. Epuisés. Il fait soleil. Le cadre est sublime. Petit repas : agua panela et avoine. Petit chocolat chaud. Merci José. J'ai un peu mal à la tête. On devait aller monter au pied du glacier, personne n'a le courage. Je me coucherai vers 17h et sortirai de ma tente que le lendemain matin 6h. Il pleuvra tout ce temps.








Levée 6h30. Pour changer il pleut. Pas grave. Je mange mon reste de pâtes froides d'hier. E José nous a refait la même chose qu'hier. Je suis paré. Aujourd'hui je défonce tout. Mes chaussures sont trempées à l'intérieur et j'ai plus de chaussettes sèches. Merci Timberland. Une paire de chaussures achetée, une mycose offert. Yahou. Oui, j'ai regretté de ne pas avoir acheté de vraies chaussures de rando. Bon. On décale. Et on commence par monter. Le vent est fort. Mais ce matin ça va. José est a fond aujourd'hui. il se retourne rarement pour voir où on est. J'ai opté pour une nouvelle technique pour que mon dos souffre moins. La tente au milieu du sac. Et non plus sur le coté, ça me déséquilibrait.
Bref. On marche au milieu des rochers. Il pleut, ça souffle.

A un moment avec José, on attend les autres. Quand je vous dis que je suis en forme. Haha. On discute. Je lui demande s'il a des enfants. Il me dit oui, une fille et un garçon. 15 et 13 ans. Je lui demande combien de jours il travaille. Quasiment tous les jours. Donc ils ne te voient pas beaucoup? Non. Pas évident. Il me fait son petit sourire. Franc et sincère. Il me fait un peu penser à Papa.

Et on finit par arriver dans une espèce de vallée. C'est vert, il y a des petites cascades partout. Une flore de dingue. Le soleil pointe le bout de son nez. Avec la pluie, petit arc en ciel sur la montagne. Bim. Je rêve qu'une licorne se pointe et porte mon sac. Mais non. Même dans la vallée, ça monte et ça descend. C'est crevant, mais magnifique. LA fin du trek se terminera sous le soleil. au milieu des champs.





On arrivera à LA esperanza vers les 11h. José m'avait dit qu'on metterait trois heures. quand je vous dis qu'ils ont pas la notion du temps. Le même José (l'autre . Haha.) qui m'avait emmené à l'aller nous attend. Il ramène les deux américains à El cocuy. Je lui demande de me faire un prix pour me ramener aussi. 20 000COP. Merci. J'étais au bout de ma vie.

Dimanche 31 mai 2015 et Lundi, mardi 1-2 juin 2015


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