lundi 21 septembre 2015

Chimborazo, mon amour. Ou pas.



Ce matin, réveil a 6h45, ça faisait longtemps. On déjeune tous ensemble, moi comme d’hab, pas du matin, j’suis pas très loquace. Après mes deux cafés, ça va un peu mieux. Comme prévu, le taxi arrive avec une bonne demi-heure de retard. Peu importe, on s’y attendait. 

Nous voilà partis en direction du Chimborazo. On s’arrête acheter quelques trucs pour se sustenter là haut et zou. Il fait beau, sur la route on peut admirer le grand sommet. Il en impose. On s’arrête à un premier poste pour s’enregistrer et on prend une route de terre. 

Le paysage change complètement. On se croirait sur la lune. Un désert à perte de vue. C’est magnifique. Quelques vigognes par ci par là. Les vigognes c’est un genre de lama, croisé avec une antilope. En tout cas il y en a pleins ici. Malheureusement pas de photos. On arrive au refuge au pied du Chimbo. 4800m d’altitude. Aussi haut que le mont Blanc. Pénard. On est au dessus des nuages, on a une vue sublime sur la montagne. On est bien. 



On entre dans le refuge, et on nous annonce que c’est 20 dollars la nuit. Je m’offusque, demande si je peux pas dormir par terre pour moins cher, ou sur un banc ou je ne sais où. Je fais ma relou. Et j’me rends compte qu’on n’a pas payé les 10 dollars d’entrée au parc prévu. Et que ça revient donc au même dans mon budget initial. J’me calme. 

On pose les affaires dans le dortoir et c’est on va marcher un peu. Le but ? Aller jusqu’au deuxième refuge situé à 5100m. Mes copains habituels sont avec moi, j’vous les présente plus : Tachycardie et Essoufflement. Avec Najet, on marche comme des mamies mais on est essoufflées quand même. Un bref aperçu de notre vie dans cinquante ans. J’ai hâte. On finit tant bien que mal par arriver en haut. Najet a la tête qui tourne et n’est vraiment pas en forme. moi a part l’essoufflement dès que je fais trois pas, ça va. Il est censé avoir une petite lagune pas loin du deuxième refuge. Bon, là c’est plutôt une flaque d’eau marron. Mais c’est sympa quand même. 
On est contents d’être arrivés là, le Chimborazo est majestueux. Mais on repousse à demain l’ascension des aiguilles Whimper, situées a 5400m. Le temps commence à se couvrir, ça vaut pas le coup. 










On redescend donc au refuge. On veut se faire à manger malgré le fait que le type nous ait dit que c’était interdit. Je vais en cuisine pour demander une casserolle et un peu d’eau. On va cuire nos pâtes sur le réchaud de Benoit. Et puis finalement, les gars de la cuisine accepte de me faire bouillir de l’eau sur leurs feux, et que je fasse cuire les pâtes dans la cuisine. Impec. Je fais connaissance avec eux. Marco, le chef cuisto. Un colombien de Manizales, adorable. Fabian, un autre colombien,de Cucuta. Et encore Fabian, un guide de montagne d’Equateur. On sympathise, on ricane. Ils me demanderont si je suis venue avec mes parents : Haha, non ce sont des amis. Haha, j’fais si jeune que ça ? Je passerai l’après midi avec eux. Ils m’offriront toute la bouffe possible et imaginable : de la soupe, du chocolat chaud, du pain, du chocolat .. Je jouerai aux cartes avec Fabian tout l’après midi. A un jeu que je ne connaissais pas, mais je suis fan. On s’amuse bien tous ensemble. j’ai l’impression de faire parti de l’équipe. je les aide à débarrasser les tables, à laver les tasses et les assiettes, à servir les gens. Un gars me demande si je suis de la maison : « Non, mais c’est tout comme. » Je me sens vraiment bien avec eux, dommage que j’ai cette migraine permanante liée à l’altitude. 

Ensuite, un autre guide haute montagne arrive. On sympathise vite aussi. Je lui donne des cours de français. On se marre bien. Malheureusement, impossible de me rappeler de son prénom. Ca me reviendra un jour, j’espère. Il me parle de son ex femme, une russe, née le meme jour que moi. Coïncidence ? Je ne crois pas. 

Le soleil se couche sur la montagne, les couleurs sont magnifiques. Deux loups du Paramo viennent nous faire un petit coucou. J’suis bien. 



Et puis, je propose à tout l’équipage de faire des crêpes ce soir. Pas de souci. Marco s’occupe des sauces : une au poulet et une autre à l’orange. Une tuerie. Pendant que je fais cuire les crêpes, on débat sur la vie, le destin, les rencontres, la vie ici et en Europe avec Najet, benoit et le guide sans nom. On s’enflamme, on parle fort, on rigole. Alors qu’il y a une dizaine de type entrain de se reposer avant de partir pour grimper la montagne a 21h. 


On mange les crêpes tous ensemble, avec en plus un couple d’espagnol d’une quarantaine d’années, géniaux. On passe un super moment tous ensemble. On fait bien trop de bruit, et quand on entend les autres se réveiller on a un peu honte avec Najet. Mais ils ont tous un grand sourire. Pas rancunier les gars. Un des escaladeur (oui ce mot est étrange, mais existe bien) me regarde avec des yeux amoureux : Joel. Il est de Californie mais vit ici depuis un moment. On devait s’échanger nos coordonnées, on s’est loupés. Tant pis, c’est la vie. 

On va se coucher heureux avec les copains. Mais impossible de dormir pour Tata. Ma respiration est coupée dès que je me mets sur le côté. Et sur le dos je ne peux pas dormir. Je me lève donc pour aller admirer le ciel étoilé. Il est complètement dégagé, et un quart de lune éclaire le tout. Le volcan est illuminé par toutes ces étoiles, c’est magique. Je m’allonge sur le sol froid et je savoure. 
Et puis, je me dis que demain il faut qu’on se lève a 5h30, alors je vais me mettre au lit. Je crois l’homme sans nom, et lui explique que je n’arrive pas a respirer allongée. Il me dit que c’est peut etre parce que la porte de la chambre est fermée, ce sera mieux si on l’ouvrait. Mais on est cinq dans la chambre pas envie de faire chier tout le monde. Il me propose de dormir dans l’autre dortoir, qui est maintenant vide vu qu’ils sont tous en expédition. 

Je respire effectivement un peu mieux, mais n’arrive pas a trouver le sommeil. Mon corps est bouillant, mon cerveau en ébullition, impossible de me calmer. Je ne fermerai pas cet oeil de la nuit comme dirait mon père. Je me lèverai a 5h30, les yeux vitreux et la gorge sèche. La tête prête a éclater. 

On essaie de déjeuner tous un peu. J’arrive à peine à avaler une banane et un peu de pain. C’est pas ca qui va redonner des forces. Je m’enfile un doliprane. En avant Guingan. Le ciel est dégagé, il fait froid mais beau. On commence à monter et c’est le début des emmerdes. Jai la tête prête a exploser, chaque souffle m’arrache un bout de poumons. Je pense m’arrêter et retourner au refuge, mais j’arrive finalement à grimper jusqu’au deuxième refuge. Le chemin me parait mille fois plus difficile que la veille. J’me demande même si dans la nuit il est pas devenu plus pentu. Oui, quand on souffre, on est cons. Le couple d’espagnols est venu avec nous. Pablo, est malade a souhait, mais il tient bon. Il vomi en chemin, mais garde le smile. Un grand bonhomme. 










Et puis arrive le moment, d’arpenter le chemin jusqu’aux aiguilles. Premier pas, j’me dis que j’y arriverai pas. Najet m’encourage, me dit qu’on va y arriver. Benoit est déjà loin devant. Comme s’il se baladait en forêt. Pénard la promenade du dimanche. Au dessus de 5000m, bizarrement, je n’ai plus mal à la tête, le souffle est meilleur, mais mes jambes me lachent. Le chemin est super pentu et glissant. J’me fais peur quelques fois. Je n’ai plus de jus. Entre le manque de sommeil et de nourriture, mon corps dit stop. Je l’écoute finalement à mi chemin. Les nuages qui arrivent me découragent, et je ne vais pas en haut. Je regarde les autres monter doucement mais surement. J'me dis que je suis vraiment une tarlouse. J'suis la plus jeune de l'équipe, et je suis pas foutue d grimper 300m. Mais je préfère écouter mon corps. Je les attends un peu. Et commence à redescendre toute seule. Au bout de quelques mètres, je m'inquiète un peu de plus les voir. Je fais donc une sieste bien méritée sur un caillou. Comme un petit animal. J'me réveille. Les aperçois au loin. Trop froid pour les attendre, je redescend au refuge. Quasiment en petite foulée. 

Je les félicite quand ils reviennent. Je suis fière d'eux. Les copains du refuge me demande comment ça c'est passé. Je leur raconte. Fabian m'avait proposé de grimper avec moi sur le sommet gratis, je suis visiblement pas cap. Une autre fois peut être.  Je file dans la chambre faire un petit somme. Ma respiration va mieux, j'arrive a dormir. J'ai froid, j'ai mal à la tête, j'suis au bout de ma vie. Je resterai prostrée sur mon lit jusqu'à 12h30. Je prendrai un chocolat chaud avec de la guimauve. Et le taxi viendra déjà nous chercher pour rentrer. Oui, à la base on voulait rentrer à pied, mais moi là j'étais plus capable de rien. Et les copains étaient d'accord.

Le trajet m'a paru une éternité. Arrivés à Quilla Pacari, on avait l'impression de rentrer de longues semaines de vacances. Retour à la maison. Ca fait du bien. Je demande pas mon reste et vais directement me coucher. Bim. Sieste de 3heures. Je suis requinquée. 

Petite douche, petite lecture, discussions avec les copains et le père. Ils vont me manquer ces petits français. On mange des crêpes. Oui, encore. C'est ma semaine crêpes. Elles ont une meilleure gueule que les miennes. Jambon-fromage-oeuf, sauce champignons, chocolat. Impec. 

On va tous se coucher assez tôt. Je lis jusqu'à pas d'heure un livre que j'ai emprunté la bas : "Le carnet de Groku" de Sophie Laroche. Un super bouquin, hyper bien écrit, hyper facile à lire. Sur l'histoire d'une ado et ses problèmes de bouffe, de mecs, de copines. J'vous le conseille. Je l'ai dévoré. Haha. Humour quand tu nous tient. 

Samedi 19 septembre a dimanche 20 septembre 2015

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