mardi 3 novembre 2015

Punta sal : la vie tranquille.

Du coup, 8h du mat’, j’arrive à choper un bus pour Loja. Le premier transport d’une longue liste. J’arrive au terminal, et comme d’hab, il y avait un bus à 9h30 et je suis arrivée 7 minutes après. Je dois donc en attendre un autre qui part à 12h40 pour Huaquillas. J’ai du temps, je bouquine, je vais sur internet, je mange un peu, je fais des provisions. Le temps passe globalement vite. J’me marre toute seule. Entre le mec déguisé en clown, la fille aux cheveux bleus et le pantalon lacéré, l’équipe de télévision qui interviewe tout le monde et le vieux monsieur qui fait sa petite crise d’épilepsie, j’ai l’impression d’être dans un bouquin d’  « Où est Charlie? ». Haha. 

Je prends finalement ce bus, c’est parti pour 6h de bonheur. Ma petite musique, des paysages surréalistes. Du bosquet tropicale à pertes de vues, des petits villages typiques, une forêt de nuages. C’est beau. J’espérais arriver à Huaquillas dans un terminal de bus. Mais non. Le chauffeur a pas hésité à nous déposer sur le bord de la route. Ciao, bonsoir. Je suis un peu paumée, d’autant qu’on m’a dit qu’ici c’était pas super super sécure. Je demande mon chemin à deux adolescentes qui me disent que la frontière est à quelques pas à pied. Je passe effectivement de l’Equateur au Pérou en une minute. A peine le temps de prendre mes repères, un type m’alpague pour me demander si je vais au poste de frontière. Le prix me convient, c’est parti. Je monte dans une voiture qui ne ressemble en aucun cas à un taxi. Les deux gars ont l’air sympas, mais n’arrête pas de me dire qu’ici c’est dangereux et qu’il y a pas mal de vol. Du coup, je trouve ça suspect. Mais comme à mon habitude, je fais de la merde. On arrive au poste de frontière. Qui est d’ailleurs super loin et pas très facile d’accès je trouve. Je laisse (comme une grosse gourdasse) mon sac dans leur coffre pendant que je vais  me faire tamponner. Haha. Je suis quand même une proie facile quand on y pense. La sortie d’Equateur se passe bien, même si j’ai dépassé de deux jours. Je dois juste aller faire une photocopie de mon passeport. Et là, on passe en mode Carte aux Trésors. Pour les plus jeunes c’est comme pékin express mais à Vesoule. Mon chauffeur court partout et moi comme une conasse j’le suis pour ce bout d’papier. 

Les deux bonhommes ne sont finalement pas partis avec mon sac à dos. Et c’est là que les emmerdes commencent. Je remonte dans la voiture sans savoir pourquoi. Pipo et Mollo profitent de ma fatigue pour m’embrouiller un peu la gueule. Ils me jouent la carte du « Comme c’est la nuit il n’y a pas de transports donc on t’emmène à Tumbes ». Je ne pense pas à leur demander le prix, pensant que c’est à côté.

On arrive finalement là bas, la ville de l’Enfer. Il y a monde de fou. On s’y sent pas des masses en sécurité. On fait le tour des banques pour que je récupère des soles. Pas évident. Mais je finis par en retirer 200. Et là, Tic et Tac, me jouent leur dernier acte. « Il n’y a pas non plus de transports jusqu’à Punta Sal à cette heure ci donc si tu veux nous, bonnes âmes, on t’y emmène pour 300 soles, ou tu passes la nuit ici (entendez dans ce temple de la débauche et de la criminalité. haha) » Et ta mère aussi ? Je refuse leur proposition et leur dit que je veux aller prendre un collectivo, c’est sur qu’il y en a encore. Ils acceptent, mais je dois payer la course avant. 150 soles. Argh. J’me suis fais pigeonnée, c’est officiel. Donc la je m’insurge, je crie au vol, je pleure de rage, je suis dégoutée. Je me dis que c’est fini. Le voyage est terminé, demain je rentre en France. J’en ai ras l’bol de me faire voler à tous les coins de rue. Je les payes à contre coeur, ils m’emmènent au collectivo. Pour 12 soles, il m’emmène à Punta Sal. Là, oui, c’est dans mes prix. Je continue de pleurer sur mon ignorance et mon incrédulité. On attend un moment que le camion se remplisse. On est serré comme des sardines. Patrick, si tu m’entends, continue de faire tourner les serviettes. Je somnole tout le trajet. On fini par arriver devant l’arc annonçant fièrement « Bienvenue a Galatsouinga Punta Sal ». Darladiladada. Une moto taxi est là, on dirait qu’il m’attendait. Il m’emmène à La piramide, où Gian commençait à s’inquiéter. L’endroit est génial. Déco de plage, les pieds dans le sable, à 100m de la mer, peintures psychédéliques au mur. Gian boit une bière avec une amie médecin adorable et un de ses employés. L’ambiance est détendue et je suis accueillie avec un plat royal : boeuf cuisiné au vin rouge, avocat , riz. J’me détend. On passe une bonne soirée, à discuter, à rigoler, à jouer au diabolo. Gian me dit d’oublier tous mes soucis, ici j’suis arrivée au Paradis. On dirait une chanson de Lorie, j’ai envie de le croire. 



Avant d’aller me coucher, j’veux aller me laver. Ca va faire deux jours que j’ai pas pris de douche, j’me sens pas au mieux. J’allume la douche, un mince filet d’eau sort. Sentant le coup venir, je n’attaque pas le shampooing mais commence à me savonner. Je veux pour me rincer : Pas d’eau. Et la roue, quand t’auras décider de tourner, tu me passes un coup d’fil ? Ah bah, non j’ai plus de téléphone. Fuck. Moi et ma peau poisseuse, on file au dodo, espérant que demain sera un jour meilleur.

Le lendemain, réveil en douceur. Le ciel est bleu, la mer est calme, il y a un peu de vent. Gian me propose d’aller faire du paddle. On y va avec une autre amie à lui, à qui le sport n’est visiblement pas sa passion. Au bout d’une demi heure, elle nous simule une crampe et se fait ramener au bord par Gian. Moi j’apprécie la balade. Je me casserai pas la gueule une fois et kifferai de me promener entre les bateaux de pêcheurs et les oiseaux. Je pense à Nico et ses exploits paddlesques, j’me marre. Le retour sur la plage est beaucoup moins glamour. J’me prend une grosse vague dans la gueule, qui m’fout à poil et me fait perdre l’équilibre. Je sors non sans mal de l’eau. Gian vient à mon secours. Merci mec. Après je tente, une petite cession skimboard. Sans succès, j’ai un peu peur de me péter la gueule ce qui n’aide en rien. Mais on rigole bien. 




Je travaillerai un peu, mais rien de fou. Je ferai une des ardoises du Menu. Le résultat est pas génial, mais moi j’ai besoin de temps pour la création Messieurs. Haha. J’aide juste à débarrasser un peu les tables et à apporter quelques plats, mais c’est plutôt pénard. On mange ensemble, et j’ai le plaisir de profiter de la bouffe du restaurant tous les jours. J’veux un jus de fruits de la passion : Banco. Un volcan de chocolat et ses boules de glace : pas de souci. La bouffe est vraiment bonne, c’est cool. Avec les garçons, on s’entend bien. Ils me font bien rire ces cons. La journée passe à une vitesse folle. Mon premier coucher de soleil est sublime. 





Ca fait parti de mes petits plaisirs de la vie : profiter de la plage, quasi vide, du vent frais, du bruit des vagues et des magnifiques couleurs du ciel. Ca me file un énorme smile. Le soir, les garçons se déguiseront pour Halloween (en Mia Wallace et  Alex DeLarge de Orange Mécanique) moi je ferai pas long feu, bien aidé par les bières et le oinj. 

Le dimanche, c’est une autre paire de manches. Vers midi avec Alex, on va distribuer quelques flyers sur la plage. J’aime bien faire ça, et je me prends au jeu. On a tellement fait ça bien, qu’on a eu un monde de fou toute la journée. On a pas arrêté de courir partout. Je prenais les commandes, je débarrassais, je servais, le tout avec le sourire. Et je ramassais les pourboires. On a pas du arrêter de 12h jusqu’à 17h30. Ca faisait longtemps que j’avais pas bossé comme ça. J’en avais mal aux pieds et aux bras. Haha. Petit coucher de soleil de rigueur. j’avais prévu d’aller me coucher rapidement. Mais on a fait un Jenga, Gian s’est travesti encore une fois, on a bien rigolé. On a encore trop bu et j’ai eu du mal à m’endormir.

J’me réveillerai la tête dans le cul. Ca va qu’on a pas eu trop de monde aujourd’hui, j’aurai pas été capable. Mais y avait du client de compet : du riche qui se croit irrésistible sous pretexte qu’il a du pognon, au mec marié qui me demande à quelle heure je finis à 100m de sa femme et de ses enfants, au groupe de potes bien lourds qui me demande à 10h du mat’ si j’veux partager une bière avec eux. On était bon. J’ai enfin pris le temps d’aller porter mes affaires à laver. J’aime bien ce petit village. Ces collines désertiques qui surplombes la mer turquoise la journée, et rose le soir. Les oiseaux, le sable chaud, le vent.













 Vivre sans chaussures et quasiment sans fringues sur le dos. On s’habituerait à ce petit train de vie. Je me ferai une petite sieste au soleil, sur le sable tranquillement. Et je profiterai de ce soleil rouge qui se couche. Je ne me lasse pas des couchers de soleil. Ils sont toujours différents et mes sentiments aussi. De la nostalgie, au manque, au bonheur total. 



Finalement moi qui suit plutot une fille de la montagne, j’me dis que la vie au bord de mer ça a quand même su bon. 

Du vendredi 30 octobre au lundi 2 novembre 2015




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