vendredi 1 avril 2016

Sublime Italie et bad mood.

Après ces quelques jours à profiter de la côte slovène à base de siestes au soleil, de petites salades et desserts délicieux, de films du soir au chaud dans l'appart de Josip, de thé en veux-tu en voila et de visite de Koper; je décide de reprendre la route. J'ai l'impression que mon énergie est en baisse, je me sens m'enliser, c'est pas bon.

Je décide donc, après un dernier bain de soleil au bord de l'Adriatique, de partir en direction de Koper en bus pour commencer à faire du stop là bas. Il fait un soleil de fou, ça m'encourage.
J'arrive à Koper, et arrivée au premier rond point je sais pas trop de quel côté partir. Je demande à un jeune barbu ce qu'il en pense. Il me décrit la route à la perfection pour me rendre au meilleur spot. J'en ai pour 22 minutes à pied, 25 vu mon chargement. Merci pour la précision de vos infos, jeune padawan. Haha.

Je mets ma petite affiche "Triest" sur mon sac à dos, des fois qu'une âme charitable voudrait m'emmener avant que j'arrive a l'endroit rêvé. Ca n'arrivera pas. Je suis de bonne humeur, prête à envoyer du sourire à chaque automobiliste. J'arrive sans me perdre au lieu dit, je pose mes sacs, sors ma pancarte et j'envoie du smile.

Après quelques minutes, un homme de quarante ans, bedonnant s'approche de moi. "Moi j'vais à Trieste" qu'il me dit avec son sourire franc. Mes yeux s'illuminent.
En fait c'était une blague. Haha. Beaucoup d'humour caché dans ce bidon visiblement.
Il me dit qu'il est macédonien et que c'est pas très prudent pour une jolie jeune fille comme moi de me ballader toute seule. Encore moins de faire du stop. Et merde, ça me suivra donc jusqu'ici ça. Moi qui croyais y échapper. Bref. Il me dit aussi que ça sert à rien que j'aille a Triest si mon but ultime c'est Lipica. Il s'en va en me suppliant de faire attention.

Et il me met le doute ce con. La petite graine de la peur s'immisce et commence à fleurir. Je vois ce mec comme un signe. Je rebrousse chemin et vais à la station de bus pour voir s'il y a un bus direct pour Lipica.

La meuf de la station parle a peu près aussi bien anglais que moi, on se comprend à peine. Mais il y a pas de bus pour Lipica. Mais pour Trieste oui. Allez vas y bébé. Envoie le ticket.

Comment ça je fais ma tapette ? Ouais, bon, c'est pas faux. Mais pas la peine de remuer le couteau dans la plaie.

La petite heure de bus passe relativement vite. On arrive à Trieste. Le chauffeur me donne une petite tape sur l'épaule et un sourire en sus, ça me fait du bien.
Trieste est bien plus grande que ce que j'imaginais . C'est marrant, on es tout près de la Slovénie mais on sent vraiment qu'on est arrivé en Italie. Bizarrement je m'y sens moins en sécurité. Etrange.

Je m'assois sur les marches de la station de train. Et attends. Je devrais appeler Efrem, le couchsurfer que j'ai trouvé la veille, mais j'ai peur.

De quoi ? J'en ai absolument aucune idée. De moi, probablement.

Je reste la un bon moment à somnoler sur mes sacs.

Je finis quand même par l'appeler le bonhomme. Voix froide et monocorde. Je lui demande où on se retrouve. Il me dit qu'il m'envoie l'adresse par texto.

Effectivement il me l'envoie.
Brute.
Sans explications.
Oooookaaaay. J'vais me débrouiller mec, merci.

Mon appréhension grandit un peu plus envers lui. Est ce que ça a conditionné la suite ? Peut être bien.

Je me lance donc dans la ville à pied. Me dirige où je pense être la bonne direction. Il fait beau. La ville est belle. Vraiment. Des monuments incroyables mélangeant style autrichien, au romain, avec quelques églises orthodoxes. Un petit port, des ruelles colorées et animées, un front de mer immense. Cool.

 Je demande quand même mon chemin à un kiosquier -  Si si, ce métier existe haha - qui ne parle pas anglais. Je lui dis juste le nom de la rue, il me dit que oui c'est tout droit. Je trouve par miracle la Via vasari. Je file au 18. L'endroit est cosy. Efrem m'ouvre la porte du bas. Je monte ces cinqs étages à pied. J'arrive en haut erreintée, pas sure que ce soit à cet étage. Il finit par m'ouvrir la porte. Il me sort un "Hi" plutot froid, suivi d'un "Tu peux enlever tes chaussures?" et il file s'assoir en tailleur près de son futon-canapé.

Il est assez intriguant Eferm. Il est calme, pas franchement souriant, d'une beauté froide. Il est accueillant mais pas vraiment. Difficile à expliquer, mais je me sens pas spécialement à l'aise. Il me propose un verre, enfin non,  un bol, d'eau. Il me dit detester les verres. Je lui demande pourquoi, il sait pas trop.
Son salon est super cosy avec des tapis persans au sol, des tentures, des lumières-mosaiques de couleurs et des peintures faites par lui et ses amis au mur.

Il me propose d'aller faire un tour en ville. Allons y. L'ambiance va peut être se détendre. On discute calmement. Je ne peux m'empecher d'avoir quelques fou rire qui me font du bien. Notamment quand il me di qu'il bosse dans le café mais qu'il deteste ça. Je sais pas pourquoi, je ris pendant au moins 10 minutes, la dessus.

On parle méditation, shamanisme et quête de soi. Il est interessant mais plutot peu humble. Il me dit notamment que les gens qui n'ont pas compris que tout ce qu'il y a sur Terre ne fait qu'un et qu'on est aussi bien son voisin, que l'arbre ou le chat, sont des ignorants aveugles et qu'ils détestent ce genre de personne. Avec les verres et le café du coup, si vous avez un tant soit peu suivi.
Niveau tolérance on repassera quand même. J'essaie de lui donner mon point de vue en baragouinant, pas sur qu'il ait compris. Pas sur qu'il en ait eu envie non plus d'ailleurs .

Il m'emmène sur les hauteurs de la ville, près d'une église et de ruines romaines. La vue est incroyable. L'intérieur de l'église plutot mystique, avec une énorme fresque aux couleurs violettes qui brille au soleil.

Et puis on descend vers la mer. On passe par la place principale. Impressionante. On se pose un peu au front de mer. La mer est plus agité qu'à Izola. Elle en profite pour m'arroser, chaussures et chaussettes comprises.
On reste là, sans rien dire, profitant de la brise, du soleil et du bruit des vagues.
Et puis, le temps se rafraichit, on bouge. Il me propose une glace qu'il m'offre. J'vous l'dis, il est plutot accueillant, mais à sa manière, tout en reserve.
On la déguste (chocolat-noisette : un régal), face à l'église orthodoxe. Un monument . Magestueuse avec ses toits bleus et ses fresques en mosaique.

Et puis, on rentre. On discute posés sur son canap', on écoute Les doors à fond. Il m'apprend quelques notes d'un intrument de musique kurde incroyable. J'arrive à enchainer quelques notes. Il me fait à manger. On parle un peu, mais je suis hypnotisée par Jim Morrison. Ce mec a une puissance incroyable. Je deviens fan instantanément. Comment ça, il était temps ?!
Il me demande si je veux bien lui masser le dos. Moi sympa j'accepte. Je le masse énergiquement pendant une bonne demi-heure. Je le soupçonne de s'être endormi. Il me remercie. C'etait le minimum que je puisse faire pour le remercier de son hospitalité. Je fais la vaisselle, vais me doucher et file au dodo.

Je vais me coucher un peu perdue, un peu destabilisée par son attitude et la mienne au passage. J'me trouve bien trop dépendante de l'energie ambiante, ça m'emmerde. Je voudrais toujours être à 100%, mais j'en suis pas encore la, malheureusement. Et encore trop souvent, j'me sens con. Face à lui, petit mec de 23 ans, j'me sens con. Ca me met face à moi-meme et j'me répète : "Mais t'en es où toi en fait dans ta vie ?" .. et je deteste cette question.

Lundi 28 mars au jeudi 31 mars 2016

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